Le plancher des vaches

Si Eluni n'était pas fan de la poésie, elle l'était bien plus des théories de sa grand-mère. Eluni adore sa grand-mère et la surnomme depuis toute petite Nietsnie (prononcez nit-sni). Cela signifie tout simplement "viens ici toi !" dans le patois elfique de son village, phrase que sa grand-mère lui répétait à tout va.

Alors qu'elle saute, un des enseignements de sa grand-mère lui revient soudain en mémoire.

"... Le temps est parfois bien relatif, mon Eluni. On a l'impression que les meilleurs moments sont trop courts alors que les plus pénibles sont bien longs. C'est pourquoi il te faut profiter pleinement des meilleurs. Justement la semaine dernière ..."

Que de sagesse dans ses enseignements, toujours accompagnés de moults anecdotes dont il faut se souvenir en temps voulu.
Et c'est bel et bien ce à quoi Eluni pense actuellement, car elle a le sentiment que ça fait déjà 3 jours qu'elle a sauté, et pourtant le sol ne semble pas pressé de remonter. C'est comme si la nature réfléchissait.


Elle en profite pour appréhender ce qui l'attend en bas. Mais c'est alors que le temps se décide à reprendre sa course. C'est dans le même temps que l'appréhension d'Eluni change (subtilement) de signification. Environ une seconde et demie plus tard ...

"c'est le temps qu'il faut à un corps en chute libre pour tomber de 12 mètres", aurait dit Nietsnie pleine de sagesse

... Eluni touche le sol, ayant évité de justesse les 3 rochers sur sa droite. Telle la mouche des prairies, elle n'a cependant pas loupé le seul tas d'excréments de la région. On ne peut décidemment pas être chanceuse tous les jours. Le pire de tout, sa fesse droite la fait désormais souffrir terriblement.
Se massant le popotin, elle fait le point de la situation. Des cheveux douteusement shampouinés, une fesse cabossée, des bleus partout sur sa magnifique peau d'elfette, mais rien de cassé heureusement. Le temps est chaud mais le soleil est bas. C'est donc le moment rêver pour descendre jusqu'au fleuve en contre-bas, prendre un petit bain dans le soleil couchant et ainsi effacer tous ses maux.


Evidemment, ça ne pouvait pas être si simple. Eluni aperçoit une silhouette qui semble bivouaquer le long du chemin vers la rivière. Elle ne peut encore distinguer de qui il s'agit. Tenaillée entre son envie d'un bon bain et sa curiosité dévorante, Eluni part vers la rivière.

(sondage terminé)

La suite : Un bleu sur la joue